Certains vont jusqu’à l’autre bout du monde chercher l’aventure, mangeant des criquets et autres devant les caméras de télévision alors que l’aventure elle est là tout près, même pas au coin de la rue, encore plus près que ça : l’aventure est au bout du couloir dans l’immeuble ou vous vous rendez tous les jours afin gagner un maigre salaire, oui maigre car quelque soit son montant un salaire est toujours maigre qu’il soit évalué en euros ou années de smic et d’ailleurs particulièrement semble-t-il si il est calculé en années de smic (ou alors les gens sont cupides et en veulent toujours plus ?), en rêvant au jour de plus en plus lointain de votre retraite.
Oui l’aventure la vraie, celle qui peut tourner au cauchemar, c’est prendre l’ascenseur avec des inconnus. Imaginez un peu, vous êtes coincés dans une boite en ferraille de 4m2, entourés de gens que vous ne connaissez ni d’Eve ni d’Adam et parfois comble de malheur vous devez supporter une version aseptisée de la chanson à succès de vos vingt ans où un saxophone larmoyant remplace la voix du héros de vos années de révolte contre le capitalisme et les multinationales à face de hyènes exploitant la misère du peuple : depuis vous êtes un peu rentré dans le rang parce que la révolte ça ne nourrit pas son homme et que vous avez cédé aux sirènes de la consommation.
Eh bien pour survivre à ce voyage commencez par effacez ce sourire : en ascenseur comme dans le métro le sourire est à proscrire : c’est la preuve absolue que vous n’êtes pas un vrai citadin. Vous croyez encore à la générosité et à la solidarité entre les hommes, or les vrais citadins le savent : ces valeurs ne s’activent que quand le thermomètre descend en dessous de zéro et avec au minimum 10 cm de neige au sol. Le reste du temps soyez sur vos gardes et prêt a dégainer les plus fleuries des épithètes à l’encontre de celui qui vous aura contrarié comme tout bon citadin qui se respecte : le temps de réaction à la contrariété étant proportionnelle à la taille de la mégalopole ou évolue homo urbanicus.
Le sourire est cependant permis voire même obligatoire si vous entrez dans un ascenseur déjà occupé par un voyageur solitaire avec un ou plusieurs collègues : dans ce cas il faut afficher votre connivence et enfoncez un peu plus ce malheureux : vous êtes plus nombreux que lui, c’est votre ascenseur ! Cela dit n’en faites pas trop, restez modeste, car demain quand vous serez tout seul en retard et que l’intrus du moment aura retrouvé ses collègues ce sera à vous de vous sentir tout petit.
Deuxième erreur à éviter :regarder vos compagnons d’infortune si ce ne sont pas ceux avec qui vous conversiez avant de monter dans l’ascenseur : ça jamais ! Fixez l’indicateur de l’étage , votre montre , vos chaussures, consultez vos e-mails sur votre smartphone qui ne capte pas dans l’ascenseur, bref occupez votre regard mais jamais au grand jamais vous ne devez croiser le regard des autres : vous seriez capable de leur sourire (particulièrement si ces autres sont des personnes du sexe opposé) et votre image d’urbain acclimaté va en prendre un sérieux coup.
Il ne vous reste plus qu’a croiser les bras sur votre poitrine histoire de bien montrer à ceux qui n’avaient pas encore compris que vous n’avez absolument pas l’intention de leur adresser la parole et qu’ils feraient bien de faire de même.
Voila vous êtes arrivés a votre étage vous pouvez sortir en bousculant un peu ceux qui ne comprennent pas que vous êtes pressé et très occupé : vous avez un vrai métier contrairement à eux qui peuvent traîner dans les ascenseurs.
Voila en appliquant ce petit guide vous devriez vite gagner le prix du « Sale Con(nasse) du xème1 » : qui est attribué dans tous les immeubles de plus de 3 étages et qui est le but de tout misanthrope qui se respecte.
Des esprits chagrins prétendent qu’il existent des immeubles ou la convivialité règne, les voyageurs se saluent en rentrant et en sortant des ascenseurs et parfois échangent même des banalités sur le temps qu’il fait, les dernières rumeurs de radio moquette … Ce sont des rumeurs propagées par des gens sans foi ni loi : des êtres humains se comportant de la sorte de la sorte dans un ascenseur, rien que d’y penser j’en ai froid dans le dos.
1 remplacer par l’étage de votre choix
Mise à jour du 22/06/2017.
Même le grand quotidien vespéral qui héberge ce blog est d’accord avec moi : la preuve ici .