Le reggae qui venait du zouk

Comme souvent ici on va parler musique et en particulier reprises, réinterprétations. Je sais que certains pensent qu’en matière de musique il n’y a pas de pire péché que de reprendre une chanson, que c’est le degré zéro de la création artistique, que c’est un moyen facile de s’en mettre plein les poches en profitant du travail des autres et j’en passe .  C’est un point de vue comme un autre, pour ma part quand j’entends  ça ou encore  çeci je ne peux pas m’empêcher de ne pas être complètement d’accord et quand j’entends certaines « chansons originales » je préfère encore me cantonner aux reprises.

Pour en revenir à mon propos initial, qui aurait pu d’ailleurs s’intituler « Comment faire du reggae avec du zouk » mais j’aurais eu l’air du mec qui a trouvé un gimmick et l’use jusqu’à la corde 😉 , le cas qui nous occupe est donc un album de reprises de zouk à la sauce reggae dont j’ai entendu un extrait il y a quelques mois lors d’un séjour sous les tropiques et qui me trotte dans la tête depuis.

Pour faire un album de reprises décent il vous faut donc un certain nombre de standards du zouk venu d’une époque un peu lointaine que je n’oserais qualifier d’age d’or du zouk par peur de me faire attaquer par des hordes de trolls sur le thème « le zouk n’est pas mort », « t’est qui d’abord pour dire que maintenant il n’y a plus rien en zouk » . Non, j’ai vu la vitesse à laquelle des propos tronqués et tirés de leur contexte se répandent sur la toile et les fâcheuses conséquences que cela peut avoir pour les auteurs des dits propos pour me risquer à une telle opération.  Je préfère parler de standards ou de classiques intemporels qui ont fait (qui font encore) danser des générations de zoukeurs (oui parfaitement des générations) ,jugez plutôt :

Absence
Bel kréati
Sé kon sa
Ké sa lévé
Fruits de la passion
Pwofité
Si’w té ka vin’
Lè ou lov
J’ai déposé les clés
Tu me manques
Ballade kréyol
Clair obscur
Belle inconnue
La pli si tol
Pa fè mwen la penn
Ay manman

Entre Kassav’, Taxi Kréol, Harry Diboula, Pascal Vallot et les autres  la liste ci-dessus est quand même truffé de pépites dont celle qui qui a donné naissance à l’expression « zouk love » (je vous laisse trouver par vous même).

Cela dit pour faire un album de reprises il ne suffit pas de reprendre quelques anciens tubes : il faut aussi une idée : et là l’idée est simple : on va les réorchestrer façon reggae et on va voir ce que ça donne : le fan de reggae qui ne sommeille pas en moi ne pouvait qu’être attiré par le mélange de deux des musiques qu’il préfère.

Autant vous le dire tout de suite : étant au départ fan de la plupart des chansons choisies je peux difficilement être objectif (encore que « Fruits de la passion ? vraiment ?) et de tout façon on s’en fout : je ne suis pas critique musical et je revendique le droit d’être éclectique et d’apprécier la sophistication de Mizikopeyi autant que certaines choses plus  légères comme la plupart des celles qu’on a ici. Alors oui ce n’est pas l’album du siècle qui va révolutionner la musique moderne et les voix synthétiques (vocoder et compagnie) quand il y en a une ça va c’est quand il y en a plusieurs que ça pose problème, mais malgré tout si vous aimez le zouk et vous aimez le reggae : faites comme moi craquez pour l’album vous ne serez pas déçu et c’est quand même beaucoup mieux que le Harlem Shake (vous savez le dernier truc pas drôle à la mode en ce moment)

Pour vous tenter un extrait qui tournait en radio lors de mes vacances.