Au hasard de mes pérégrinations sur internet je suis retombé sur cet article dans lequel on nous dit qu’on n’oublie jamais la musique de notre adolescence et que c’est normal. Ça me rassure parce qu’il y a effectivement quelques chansons que j’écoute et qui maintenant me propulsent à l’époque ou j’étais jeune et beau sans poignées d’amour disgracieuses, et maintenant je sais que je ne suis pas bloqué sur ma jeunesse perdue suite à je ne sais quel traumatisme refoulé mais je suis quelqu’un d’à peu près normal, enfin ni plus ni moins qu’un autre mais ce n’est pas le sujet du jour.
Un exemple ? Kimbé mwen : depuis sa sortie en 1988 cette chanson fait partie de mes chansons préférées. J’avoue que je suis un peu déçu d’apprendre que je ne suis pas complètement objectif et que ce n’est pas mon sens du beau et ma capacité infaillible à détecter les pépites musicales qui sont en jeu mais plutôt un phénomène chimique dans mon cerveau qui active des circuits créés dans mon cerveau immature lors de ma lointaine adolescence, mais parfois il faut arrêter de de vouloir tout intellectualiser et juste profiter du moment et de la musique.
Kimbé mwen ça commence doucement avec le bruits des vagues puis arrivent quelques nappes de synthétiseurs avec les vocalises ‘ouh ouh’ d’un très jeune Tony Chasseur ensuite le duo entre la cloche et le tom basse qui apporte la syncope caraïbéenne que l’on retrouve dans le zouk ou le kompa haïtien avant que la basse bien ronde de l’immense Fréderic Caracas et la batterie accompagnés du reste des des synthés entrent à leur tour en jeu pour asseoir la rythmique et faire chalouper l’ensemble. Tout ça se passe dans les 2 premières minutes de la chanson et plus de 30 ans après l’auteur de ces lignes ressent toujours le même frisson en écoutant cette chanson qui reste une des plus belles productions du zouk des années 80. Ensuite après deux couplets qui convoquent un peu tous les clichés de la chanson d’amour tropicale (mais ne jouons pas les rabats-joie), les cuivres arrivent sur la pointe des pieds, car à l’époque faire du zouk sans une section de cuivres c’était impensable, sur la pointe des pieds parce que sur cette chanson contrairement aux pratiques habituelles on a une ambiance un peu plus adoucie même sur le solo de trompette qui amène tout doucement vers la fin de la chanson, d’où le coté smooth de mon titre : on est pas du tout sur le genre d’arrangements bruyants qui nous ont cassé les oreilles façon Un, dos, tres Maria : je sais ce n’est pas un zouk mais c’est l’exemple même, (au moins dans la version que nous avons eu en France), de ce j’appelle des choses bruyantes ou un producteur décide de pousser les manettes à fond pour faire « festif ».
Depuis sa sortie en 1988 cette chanson n’a pas pris une ride contrairement à d’autres chansons de la même époque qui ont parfois mal vieillies, il faut dire que que cette chanson est plutôt bien née, c’est un extrait d’un EP de Frédéric Caracas de 1988 sur lequel il était plutôt en bonne compagnie entre Jacob Desvarieux (Kassav) à la guitare , Jean-Claude Naimro aux claviers (Kassav) , Bago Balthazar aux percussions entre autres. Frédéric Caracas, bassiste, producteur, compositeur et parfois interprète c’est un des nombreux talents révélés avec l’explosion du zouk : de nombreux jeunes artistes ont pu (ou su) profiter de la locomotive Kassav pour entamer une carrière qui pour certains continue encore.
Cela dit votre serviteur se rend compte qu’il n’a plus vingt ans parce que à l’époque il s’imaginait sillonnant les routes de Martinique au volant d’un cabriolet avec cette chanson à fond dans l’autoradio, mais maintenant il préférerai l’écouter en admirant le soleil couchant tout en sirotant un rhum vieux dans un bar sympa plutôt que d’attraper un coup de soleil coincé dans les embouteillages dans ce fameux cabriolet, ou trempé jusqu’aux os suite à une ondée tropicale aussi soudaine que violente parce que, nous le savons tous, c’est toujours dans ce genre de situation que la mécanique à tendance à lâcher et la capote resterait obstinément baissée tout le temps de l’averse.
Et vous vous avez des chansons qui vous rajeunissent instantanément et vous remontent le moral ?
Bonus : une version avec la basse un peu retravaillée par une bassiste talentueuse dont je vous conseille les vidéos.