Voila ça c’est dit et je si je m’étais écouté j’aurais titré « la continuité territoriale c’est de la m.rde”, mais je vais essayer de garder mon calme pour m’expliquer.
D’abord qu’est-ce c’est que cette bestiole la « continuité territoriale” ? Selon wikipédia c’est un principe de service public qui se donne pour objectif de renforcer la cohésion entre différents territoires d’un même État, en compensant les handicaps liés à leur éloignement, un enclavement ou un accès difficile.
Dans le cas qui nous préoccupe aujourd’hui on parle plus précisément des relations entre la Martinique (les DROM-COM en général) et la métropole l’hexagone. Selon cette définition on pourrait penser que l’état français mettrait tout en œuvre pour compenser l’éloignement de cette île et s’assurer qu’aucune différence de traitement n’existe entre les deux entités et que les habitants des territoires concernés ne se sentent pas mis à l’écart et maltraités ?
Si c’est ce que vous pensez votre naïveté est touchante : si si vraiment, c’est touchant vous n’êtes pas encore complètement cynique, mais je vais vous ouvrir les yeux avec 2 exemples de petites mésaventures qui me sont arrivées récemment.
Si vous êtes un visiteur régulier sur ce blog vous avez peut-être remarqué que je m’adonne un peu à la photographie, et, lors des fêtes de fin d’année, j’étais comme d’habitude un peu en panne d’idées de cadeaux jusqu’à ce que j’ai une révélation, une épiphanie même💡: si je faisais un calendrier avec mes photos je ferais d’une pierre deux coups : j’aurais un cadeau un peu original et des tirages papier de mes photos.
Je me suis donc armé de courage et j’ai plongé tête la première dans mes archives afin d’en tirer mes photos les moins pire et d’en faire un calendrier sur le site photoweb et malgré un petit bug d’affichage sur le site avec les jours fériés, tout s’est déroulé comme prévu jusqu’au moment de la livraison. Petite précision : les calendriers (oui il y en avait plusieurs), sont fabriqués en France, donc techniquement on reste en France pendant tout le processus.
D’abord les frais de livraison se sont révélés bien plus élevés que pour une livraison dans l’hexagone. Je peux comprendre que les frais soient plus élevés pour livrer en Martinique, même si c’est déjà limite en terme de continuité territoriale. Mais on va dire que dans l’hexagone on prend le train et pour la Martinique c’est l’avion (ou le bateau mais là il faudrait vraiment être patient) et 7000 km à parcourir.
Mais ce qui m’a un peu énervé lors de la réception de mon paquet, (mes calendriers faits avec mes photos à moi je le rappele), c’est que j’ai du payer 26 € de frais de douane pour récupérer le dit colis : je suis en France (la Martinique est toujours en France aux dernières nouvelles), je reçois un colis qui vient de France et je dois m’acquitter de frais de douane !
Car oui en Martinique suivant la valeur déclarée des paquets qu’on veut recevoir, on doit payer des frais de douane : si vous avez déjà pris l’avion pour les Antilles vous comprenez maintenant pourquoi souvent les antillais ont des énormes valises : entre le coût de la vie sur place et ces frais qui semblent aléatoires on se retrouve parfois à devoir jongler avec les limites de poids des compagnies aériennes.
Mais ceci ce n’était que la première partie de l’histoire, la Martinique c’est bien mais au bout d’un moment on est obligé de rentrer dans l’hexagone parce que parait-il il faut travailler et qu’on ne peut pas laisser son logement inoccupé trop longtemps et donc, après un séjour que j’ai trouvé trop court comme d’habitude, j’ai donc regagné mon domicile hexagonal, et lors du trajet de retour (dès l’aéroport en fait) je me suis rendu compte au moment d’embarquer dans l’avion du retour que j’avais oublié mon casque à réduction de bruit active que j’avais payé bien trop cher à mon goût à Paris quelques mois auparavant. Plutôt que d’attendre un éventuel prochain séjour en Martinique pour le récupérer, je me suis donc fais renvoyer le casque à Paris. Et là : surprise ! J’ai du payer 10 € de frais de douane pour récupérer le casque. Quelle est la justification de ces frais ? L’envoi a été payé au départ, pour un paquet qui ne quitte pas le territoire français et qui pourrait tout aussi bien contenir des chaussettes sales.
Évidemment tout ceci me turlupinait un peu alors j’ai fouillé un peu et voici ce que j’ai trouvé sur le site de la poste
Les départements et collectivités d’Outre-Mer (DOM-COM) ne sont pas intégrés dans le territoire fiscal de l'Union européenne*. C’est pourquoi les envois de marchandises depuis ou vers les DOM-COM sont considérés comme des importations ou des exportations et sont *soumis à taxation, et ce même pour des envois entre particuliers et quel que soit le transporteur.
Alors donc les DOM ne sont pas dans l’Europe : évidemment la géographie nous l’avait déjà prouvé mais politiquement on avait encore quelques illusions, après tout on vote pour les élections européennes là-bas alors quelle est la raison de cet ostracisme fiscal ? C’est une question que j’aimerais bien poser un jour à un des représentants politiques de ces territoires.
Bien sûr j’ai la possibilité de contester le paiement de cette taxe et je ne vais pas m’en priver, mais cela veut dire quand même que je vais probablement devoir prouver que je n’ai pas acheté ce produit en Martinique mais que je l’avais en arrivant, si j’arrive à retrouver la facture d’un des rares achats que je n’ai pas fait en ligne.
Voila donc deux exemples de ces petites vexations que nous subissons assez régulièrement aux Antilles et qui ne contribuent pas vraiment à renforcer la cohésion entre les DROM-COM et l’hexagone mais plutôt a alimenter l’abstentionnisme (qui bat des records dans ces contrées) : quand on a l’impression d’être des citoyens entièrement à part malgré les beaux discours que les ministres viennent régulièrement délivrer sur place, on a pas particulièrement envie de participer à la vie politique.
En attendant je crois que je n’ai pas fini de jouer les livreurs pour la famille et en ce qui concerne mes finances personnelles je ne vois que deux solutions pour éviter ce genre de problème à l’avenir: d’abord si je veux offrir des calendriers il faut que je les fabrique avant de partir et ensuite il faut que je fasse attention à mes affaires pour ne rien oublier quand je reviens : vous allez voir qu’avec ces bêtises je vais adopter le truc qui revient le plus dans tous les blogs et autres tutoriels de productivité personnelle : la to-do-list avec des jolies cases à cocher.
Sinon j’ai la solution ultime : c’est partir et ne pas revenir du tout mais ça c’est une autre histoire.